• Pythéas le Marseillais.


    Dimanche 29 Mars 2015 à 22:25
    Azucena

    Pythéas, né à Massalia la grecque,

    au IVème siècle av JC, navigateur et géographe.

    Il détermina la latitude de Marseille et explora les côtes du nord de l'Europe.

    La ville était gouvernée par un groupe de marchands qui voulaient trouver une voie maritime, plus sûre que les routes continentales, pour le convoyage de l'étain et de l'ambre. 

    "Les archontes ( 1ers magistrats des cités grecques) de Massalia demandent à Pythéas de gagner la mer Boréale (au-delà des colonnes d'Héraclès) et de revenir par la route de l'est, qui, croit-on, débouche sur la mer Noire par les fleuves russes ou sur la mer Caspienne, que certains croient ouverte sur la mer Hyperboréale (la Baltique). Le géographe grec Strabon exprimera encore cette croyance trois siècles plus tard.

    2 massalia reconstitution

    Pour les Phocéens, l'ambre et l'étain sont précieux. Le premier provient de gisements des rives de la Baltique, en particulier du Jutland (Danemark). Cette résine fossile sert à façonner des bijoux et orne fréquemment les tombes. Quant à l'étain, les Grecs en ont besoin pour fabriquer le bronze, dont ils font grand usage (armes, statues, joints dans la construction...).

    L'étain leur parvient du sud de la Grande-Bretagne, mais ils ignorent le lieu et le mode d'exploitation des gisements. Un voyage de reconnaissance est donc d'un intérêt capital pour les Timouques.

    A la découverte de l'Europe

    C'est à bord d'un pentécontor, solide navire qui peut parcourir 150 km par jour, que Pythéas accomplit son exploit. Après le passage des colonnes d'Héraclès, il longe les côtes - ou bien il rejoint l'île d'Ouessant -, contourne l'île d'Albion et atteint l'île de Thulé (Islande). Il ira ensuite jusqu'à la mer Baltique.

    C'est Pythéas qui entreprend ce périple, officiellement animé par  des objectifs commerciaux. Comment financer autrement cette aventure ? Il n'est qu'un «  simple particulier sans fortune », selon l'historien grec Polybe, cité par Strabon [4]. Ses motifs profonds sont tout autres : il désire vérifier ses calculs de latitudes et ses théories sur la variation de la durée du jour en fonction de la latitude.

    Vers 330 avant notre ère (il a une cinquantaine d'années), Pythéas quitte le lacydon (port antique) à bord d'un pentécontor, bateau rapide et solide qu'on appelle parfois l'Artémis à la flèche, car la déesse de la chasse est particulièrement vénérée à Massalia.

    Pythéas longe la côte d'Ibérie, jalonnée, au sud d'Emporion (Ampurias), de comptoirs phocéens, puis carthaginois. Au douzième jour de navigation, il atteint les colonnes d'Héraclès, bloquées par les Carthaginois. Chose étonnante, il les franchit sans encombre, soit parce qu'il réussit à tromper de nuit la vigilance de l'ennemi, soit parce qu'il établit avec lui un accord d'investigation commerciale.

    947922pytheas bretagne

    Après une halte dans la cité de Gadès (Cadix, Espagne), il parvient en six jours au cap Sacré (cap Saint-Vincent, Portugal). Suivant la route du Carthaginois Himilcon (environ un siècle auparavant), il remonte ensuite l'océan de cap en cap, jusqu'à la Bretagne.

    Dans la relation de son voyage, connu des Anciens sous deux titres, Sur l'Océan et Description de la Terre , il évoque les quantités d'îles qui se trouvent au large de la péninsule armoricaine. [5]

    De là, le Massaliote se dirige très certainement vers la Cornouaille et les petites îles Sorlingues, régions alors très riches en étain. On les appelle les Kassitérides (du grec kassiteros, « étain »). Pythéas décrira en détail l'exploitation du minerai. Il touche l'île de Wight, qu'il nomme Ictis, et remonte le long des côtes de l'île d'Albion (Angleterre).

    Abraham Ortelius-Islandia-ca 1590Il en explore une grande partie à pied et évalue son périmètre à 6 400 km (en unités modernes). Il estime aussi la distance entre l'Angleterre et Massalia à 1 700 km (au lieu de 1 800 km).

    Pythéas rencontre les peuples de ces « nouvelles » contrées. Il restera d'ailleurs longtemps le seul à les avoir approchés. Il dépeint leurs moeurs avec force détails : « Ce sont des gens très simples, bien éloignés de la ruse et de la méchanceté des gens d'aujourd'hui. [...] Ils boivent non pas du vin, mais une liqueur fermentée à base d'orge. »

    La taille et la forme de la Grande-Bretagne sont alors inconnues. Pythéas en donne, pour la première fois, une description nourrie : « La Bretagne est triangulaire comme la Sicile, mais ses côtés ne sont pas égaux. Elle s'étire obligatoirement le long d'un continent ».

    En six jours de navigation, il atteint l'île de Thulé. Est-ce la Norvège ? Sans doute pas : ce pays se situe trop à l'est. S'agit-il de l'une des îles Shetland ou de l'archipel des Féroé ? On ne saurait les confondre avec une grande île...

    C'est donc vraisemblablement l'Islande, dont Pythéas peint avec étonnement les habitants : « Les Barbares nous montraient où se couche le Soleil, c'est-à-dire l'endroit où il disparaît pendant six mois, mais où, l'été, les nuits sont éclairées. » Il évoque ainsi le cercle polaire...

    Il poursuit sa montée vers le nord et dépasse sans doute le 65e parallèle. Il décrit le paysage, à un jour de navigation de Thulé : « Il n'existe plus de véritable terre, ni de mer, ni d'air, mais une combinaison de ces éléments, [...] comme un poumon marin [nom grec de la méduse].

    Tout ce qui existe se trouve en suspension, rendant la navigation et la marche impossibles. » Cette vision, où se mêlent icebergs, brouillard et mer, a sans doute terrorisé les marins. Puis Pythéas redescend vraisemblablement par la côte ouest de l'Angleterre et découvre l'Irlande sans y faire escale."

    Un incroyable et extraordinaire périple qui laisse pantois.

    Bonne fin de soirée.

    Annie.




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